Formation

ENTRE OBLIGATION ET OPPORTUNITE ?

Avec la crise du COVID19, de nombreux organismes de formation ont dû soudainement repenser leurs formations présentielles.

Une adaptation involontaire mais obligatoire pour maintenir les stagiaires impliqués a été de basculer les séquences en présentiel pour les adapter aux contraintes du distanciel. 

Tout est devenu 100% à distance !

 Les formations sont toutes devenues des formations en e-learning. Les pratiques en vogue outre-Atlantique ont gagné en crédibilité et seront peut-être à l’avenir une véritable opportunité de développement des organismes de formation. 

Même les financeurs ont œuvré pour ce déploiement via le FNE formation (https://travail-emploi.gouv.fr/emploi/accompagnement-des-mutations-economiques/appui-aux-mutations-economiques/article/conventions-de-fne-formation) avec des financements à 100% pour les formations en ligne démarrées pendant le confinement et à destination des salariés en chômage partiel. 

Le e-learning a finalement peut-être un bel avenir en France désormais ?!

FAIRE DU E-LEARNING NE S’IMPROVISE PAS !

La tentation est forte d’organiser skype sur skype (Zoom pendant le confinement) avec ses apprenants pour reproduire les mêmes conditions qu’une formation en présentiel. Libre à chacun de le faire, mais libre aussi du coup à ces formateurs rétrogrades de perdre leur activité. Penser que le e-learning s’apparente à une simple connexion via Skype, Zoom and co est un pari que nous vous laissons prendre en toute conscience mais que nous ne cautionnerons pas.

En réalité, le e-learning chamboule la façon dont on apprend et les formateurs doivent s’adapter : on ne peut pas rester concentré de la même façon lorsqu’on est seul face à son ordinateur ou quand on vit une séance de formation en présentiel. Et la pédagogie des formateurs doit bien entendu prendre cela en compte.

Il y a ici de quoi saisir une réelle opportunité dans notre métier de formateur.

Pour aider les organismes de formation, SPORT-IN a donc pensé une série d’éléments parmi les plus importants à prendre en compte lorsqu’on veut construire une formation en e-learning.

En somme des astuces concrètes pour faire sa première formation e-learning : le kit du formateur pour démarrer dans le e-learning.

L’objectif est donc de vous proposer des réponses concrètes et directement utilisables pour des personnes qui débutent dans la formation à distance. Pour ceux étant déjà au fait il s’agira peut-être de révisions qui ne sont jamais inutiles dans le métier de formateur.

Parmi les sujets abordés, nous verrons quelques concepts de la théorie pour définir ce qu’est le e-learning, mais également les bonnes pratiques e-learning. Nous ferons aussi un focus sur la classe virtuelle.

Pour créer une formation en ligne, nous avons identifié différents points :

  1. Définir le e-learning
  2. Transformer une formation présentielle en e-learning et la scénariser
  3. Faire des vidéos e-learning avec un smartphone

Kit du formateur E-learning

LE E-LEARNING QUEZAKO ?

Le e-learning c’est quoi ? Aujourd’hui tout bon formateur qui se respecte (même en France où la pratique n’est pas encore la référence) sait de quoi nous allons parler. Malgré cela il nous semble intéressant de rappeler les bases.

Le e-learning s’apparente à toute séquence de formation où les stagiaires ne sont pas en présence physique dans la même salle que le formateur.

Nous préférons parler de parcours e-learning. En effet la séquence en e-learning seule, déconnectée du processus pédagogique complet (le programme de formation) n’a pas de sens.

Le e-learning est également un concept faisant appel à plusieurs canaux de communication, plusieurs outils. Il vise à diversifier les pratiques afin de renforcer voire densifier les apprentissages. L’utilisation de classes virtuelles, de plans, de MOOCS, de quizz… sont autant de pratiques permettant d’orienter les apprentissages, de les renforcer, d’impliquer les stagiaires, de varier les modalités pédagogiques…

Enfin, nous utilisons deux types d’enseignements dans les parcours e-learning :

  • Des étapes asynchrones : chaque stagiaire va réaliser des petits travaux de son côté selon une commande passée
  • Des étapes synchrones : tout le monde est connecté en même temps. C’est le principe même de la classe virtuelle.

COMMENT TRANSFORMER UNE FORMATION PRESENTIELLE EN E-LEARNING ET LA SCENARISER

La première étape consiste à découper son cours présentiel en activités qui seront intégrées en séquences e-learning.

Il s’agit d’identifier dans son contenu les différentes parties du cours donc activités qui seront susceptibles de représenter une séquence de formation. 

On parle ici de « grain ». Ce sont des entités pédagogiques indépendantes. Chaque grain est découpé en sous-grains qui peuvent eux-mêmes être découpés à nouveau en sous-grains. Chaque grain repose éventuellement sur un support différent : classe virtuelle, quizz, vidéos…

Ce découpage en activité doit respecter quelques principes de base tels que celui de découper le contenu global en activités courtes et impactantes : pas plus de 10’ et sous des formes diverses comme des vidéos, des textes, des quizz…

Focus quizz e-learning

Les quizz lors des activités en e-learning vont permettre de mémoriser les apprentissages du e-learning. Ils serviront de base pour consolider les apprentissages du grain vu précédemment.

Ces quizz peuvent se mettre en place à raison d’un quizz toutes les 3 ou 4 activités soit environ toutes les 30-45’ de formation. Ils servent également à couper la séquence d’attention pour recentrer les stagiaires sur les apprentissages fondamentaux de la séquence de formation.

C’est un bon outil de motivation également. Les quizz peuvent être des supports intéressants pour capitaliser sur les apprentissages théoriques. Une bonne mise en pratique en somme. Mais à distance…

Enfin, proposer un quizz non noté en début de séquence quand le stagiaire n’a pas encore le contenu est intéressant car il mobilise avant même de voir le formateur. Mais il demande aussi une autonomie et une responsabilité des stagiaires que certains ne peuvent pas assumer. Restons vigilant !

COMMENT FAIRE UNE VIDEO EN E-LEARNING ?

Tout d’abord la vidéo peut se faire sans souci avec un smartphone si tant est que certains principes sont respectés : 

  • Le smartphone est stable
  • La pièce est calme
  • Le fond d’écran est uni

Ensuite il vous faut scénariser la vidéo. Vous devrez donc répéter votre séquence avant de l’enregistrer. De toute façon seule l’expérience vous permettra de pouvoir enregistrer en une seule prise votre grain. Il vous faudra certainement plusieurs enregistrements pour aboutir au bon grain.

Vous pouvez avoir un support écrit pour respecter votre activité mais attention à ne pas le lire lors de l’enregistrement.

Enfin, pour rendre la vidéo dynamique votre posture est importante. La vidéo sera plus vivante si vous parlez plus vite que la moyenne, si vous êtes vous-mêmes vivant et énergique. Vous pouvez également vous positionner en format questions-réponses comme si vous répondiez à une interview.

Quelques astuces complémentaires pour une bonne qualité de vidéo :

  • Le matériel : un micro-cravate peut être intéressant car il permettra un son net. Prévoyez également que le smartphone soit stable et dans un environnement lumineux
  • Filmer au format paysage
  • Le tournage nécessitera forcément plusieurs essais nous l’avons déjà évoqué
  • Le montage doit vous permettre de mettre en avant les éléments clés, de couper les passages les moins pertinents
  • Exporter toujours les vidéos au format le plus lourd possible (HD)

LA CLASSE VIRTUELLE : UNE TECHNIQUE DISTANCIELLE DANS LE E-LEARNING

Les classes virtuelles sont des séquences de formation en groupe complet avec un support type diaporama au même titre qu’une séquence en présentiel.

Comment faire des classes virtuelles ?

Les classes virtuelles ont pour objectif principal de conserver un lien avec les stagiaires. Dans les formations à distance, elles deviennent un outil déterminant dans la réussite de la formation car elles favorisent l’engagement des stagiaires. Mais pour autant les classes virtuelles, bien qu’étant très intéressantes dans le maintien des stagiaires, doivent respecter un certain nombre de fondamentaux pour accompagner les apprentissages des stagiaires. Ces quelques règles de base si elles ne sont pas respectées peuvent à l’inverse conduire à une perte de temps, d’énergie et de motivation pour les stagiaires.

Tout d’abord à quelle fréquence prévoir des classes virtuelles ? Il semblerait que deux temps dans les parcours de formation en e-learning soient intéressants pour mener des classes virtuelles : 

  • Au démarrage du e-learning pour présenter le parcours, voir la technique et répondre aux questions avant la mise en place du parcours e-learning
  • A la fin d’une séquence de formation pour recentrer les acquis, faire un bilan, garder la motivation des stagiaires…

Comment réussir sa classe virtuelle en 6 étapes :

Les 6 étapes de réalisation d'une classe virtuelle

  • Vérifier les prérequis techniques : 
    • Un micro qui fonctionne 
    • Une caméra qui fonctionne 
    • Et une bonne connexion !
  • En amont de la classe virtuelle : Amener les participants à se familiariser avec le thème
    • Prendre connaissance du programme détaillé
    • Consulter une fiche E-Reading ou un module E-Learning sur le thème. L’idée est de permettre aux stagiaires de pouvoir commencer à se familiariser avec les notions qui seront abordées sur la classe virtuelle
    • Préparer et adresser des questions à poser au formateur de la classe virtuelle. Le point précédent doit amener les stagiaires à se questionner pour rendre la classe virtuelle plus vivante
  • La préparation de la classe virtuelle pour le formateur : 
    • Télécharger son diaporama bien avant sa formation et tester son niveau de lisibilité
    • Tester son matériel : casque, micro, caméra si vidéo… (Attention ! la qualité du matériel est indispensable afin d’éviter toute fatigue auditive ou visuelle des participants)
    • Répéter son intervention (si besoin faire une simulation de sa présentation, sinon jouer au moins les 5 premières minutes de son intervention). Cela permettra de rendre plus fluide la présentation par la suite
  • L’avant formation : une phase à enjeu déterminante pour le bon déroulé de la classe virtuelle

En formation présentielle, l’avant formation, c’est le temps de l’arrivée des participants, de leur installation, du café d’accueil. Dans une classe virtuelle, tout ceci se passe à distance et l’enjeu est encore plus important. Voici quelques règles à respecter dans les 15 minutes précédant le démarrage :

    • Accueillir chaque participant individuellement en l’interpelant de façon conviviale et en lui demandant de tester son matériel (si nécessaire faire une répétition avec lui)
    • Faire une annonce toutes les 5 minutes de bienvenue aux participants (rappeler le délai avant le démarrage, l’intitulé de la formation, son importance…)
    • Animer ce moment par des mini questionnaires ou un échange éventuellement sur un sujet extra professionnel afin de retenir l’attention des participants et éviter qu’ils se mettent en pause avant de démarrer
    • Utiliser ce moment d’attente pour déjà faire passer quelques messages concernant les règles de vie : comment prendre la parole, comment converser…
  • Le démarrage de la classe virtuelle : 

Le démarrage d’une formation en présentiel s’articule autour de 6 étapes classiques passant d’un tour de table à la présentation des enjeux et objectifs pour aller ensuite vers le programme de la formation et les règles de fonctionnement. Nous n’oublions pas l’organisation prévue et la manière d’évaluer la séquence également.

L’organisation d’une classe virtuelle reprend ces étapes. Mais elle nécessite une vigilance accrue sur certains points :

    • Veiller à amener les participants à bien se présenter. Nous pouvons associer à la présentation une photo ou un mini cv, voire même la vidéo
    • Préciser le timing et la pédagogie utilisée lors de la présentation du programme : quelle durée de classe virtuelle, préciser le découpage en grain (nombre, durée…), indiquer les pauses possibles… N’oubliez pas que la guidance est essentielle dans une classe virtuelle. Les stagiaires doivent savoir où ils vont pour être impliqués
    • Insister sur les règles de vie. Plus encore qu’en présentiel, il y a des risques d’apprenants zappeurs en classe virtuelle. Demander aux participants de s’isoler, de fermer les autres applications et même d’éloigner leurs smartphones de leur champ de vision !
  • Le « pendant » de la classe virtuelle
  1. L’animation du diaporama

L’animation du diaporama à distance est encore plus délicate qu’en présentiel. Le décrochage est vite arrivé tout autant que la cacophonie.

Pour éviter ces écueils il faut respecter au moins quatre règles de base :

    • Animer avec dynamisme : la voix monocorde est rédhibitoire. Mettez de l’enthousiasme, de l’humour, du ludique dans vos présentations. Prévoyez des diapos dynamiques, peu de texte
    • Utiliser les outils pointeur, surligneur ou dessin de la classe virtuelle pour créer de l’animation
    • Faire des pauses structurantes tous les 2 ou 3 diapos maximum en utilisant l’outil sondage ou mieux encore en invitant les apprenants à résumer ce qu’ils ont compris ou en leur demandant de poser des questions soit via le Tchat, soit en prenant la main.
    • Utiliser les quizz vus précédemment

Animer à distance est un exercice de style complexe pour tout formateur et ce qu’elle que soit son expérience. Mais elle est en même temps tellement riche d’enseignements pour tous. Un esprit libre et créatif doit nous permettre de tenter l’aventure du e-learning pour sortir de notre zone de confort de formateur et peut-être y trouverons-nous une source d’enrichissement professionnel et personnel nouvelle.

  1. La participation des stagiaires

Faire défiler un diaporama en guise de classe virtuelle est un début mais ne peut évidemment en aucun cas être la seule alternative au présentiel. Autant envoyer sinon le contenu par mail aux stagiaires et rester chez soi. L’animation du diaporama doit donc conduire à une mise en pratique par les stagiaires, à une mobilisation active de ceux-ci, à une implication par la pédagogie du formateur. Ainsi il est possible de faire faire des activités aux stagiaires.

Voici une liste non exhaustive des possibilités : 

    • Apports de cas par les stagiaires : les stagiaires sont porteurs de connaissances. La classe virtuelle peut leur permettre le partage de certaines d’entre elles
    • Exercices de travail individuel avec mise en commun. Les grains sont entrecoupés de séquence de travail individuel. Une mise en commun suite à ce travail se réalise au travers de la classe virtuelle et selon des règles d’échanges définies en amont
    • Retours d’expérience présentés et analysés par les participants : partager des expériences positives ensemble mais à distance
    • Résolution de problèmes en commun en utilisant les outils de communication à disposition Tchat, mind mapping… : les stagiaires peuvent échanger sur une problématique que l’un d’eux a rencontrée et essayer de la résoudre en commun
    • Quizz que nous avons déjà évoqués
  • La conclusion

En fin de classe virtuelle, il nous faut respecter la règle de l’évaluation. En effet, proposer une classe virtuelle comme support de formation ne nous dispense pas de vérifier l’atteinte des objectifs et donc le suivi des apprentissages post séquence. La véritable différence avec la classe en présentiel est qu’en bout de chaîne et après 50’ d’attention, il est complexe de mobiliser d’avantage les stagiaires derrière leur écran. Le tour de table habituel peut donc être remplacé par :

    • Un exercice de résumé en commun en utilisant l’outil Tchat et le tableau blanc virtuel
    • Un mini quiz d’évaluation en utilisant l’outil sondage
    • Un exercice de résumé mais individuel renvoyé au formateur

Au travers de ces exercices, le formateur va vérifier, suivre les acquis des stagiaires. Il répond au critère qualité de suivi de la formation. Assurer un suivi de sa formation qu’elle soit en présentiel ou en e-learning est un incontournable de toute formation. Les modalités de suivi du présentiel peuvent être les mêmes pour le e-learning. Elles permettent une évaluation à chaud ou à froid de la classe virtuelle.

MAIS LE E-LEARNING NE SE LIMITE PAS AUX CLASSES VIRTUELLES

pastedGraphic.png

L’infographie ci-dessus (source : https://www.blog-formation-entreprise.fr/wp-content/uploads/2013/01/Diapositive04.jpg) nous montre que le e-learning ne se limite pas à de la classe virtuelle ou à un simple contenu envoyé aux stagiaires. Plusieurs techniques de formation à distance peuvent se croiser afin d’enrichir les apprentissages des stagiaires, afin également de maintenir la motivation et l’implication des apprenants. Enfin évidemment pour permettre au formateur de moduler ses interventions et ses contenus en séquences captivantes.

EN GUISE DE CONCLUSION

Le e-learning constitue aujourd’hui une alternative intéressante et riche dans nos méthodes pédagogiques. Il devient, confinement oblige, une formule obligatoire pour tous les organismes de formation et formateurs qui souhaitent maintenir leur activité et donc survivre.

Mais le e-learning ne peut être la solution de facilité sans un minimum d’effort ! Il peut être tout à la fois la plus pertinente des méthodes pédagogiques comme la plus limitante selon l’utilisation qui en est faite.

Nous avons identifié quelques recettes incontournables…

  • Privilégier des activités de 10’ max
  • Faire des quizz pour motiver les stagiaires : ces quizz servent à faire de l’ancrage mémoriel
  • Faire des vidéos car elles sollicitent la vue et l’audition des stagiaires

A ce sujet, voici le lien d’un excellent tutoriel sur l’utilisation de Zoom en mode classe virtuelle : https://www.youtube.com/watch?v=X8WU6xp4TMs

…et des pièges à éviter

  • Passer du présentiel de 7h au skype sur la même durée
  • Transposer son contenu présentiel en e-learning sans le redécouper

Faisons du e-learning une méthode pédagogique interactive, militons pour que les formations certifiantes comme diplômantes soient accessibles au plus grand nombre en distanciel, transformons notre approche pédagogique en tant que formateur, inspirons-nous des meilleurs (le Canada ?!) mais surtout ne copions pas pour copier. Inspirons-nous, inventons, créons le e-learning de demain pour encore une fois développer les apprentissages et les compétences.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *